Accès précoce : l’innovation au plus tôt pour les patients
Directeur médical de Bristol Myers Squibb France, Jehan-Michel Béhier souligne le potentiel de l’immunothérapie, notamment lorsqu’elle est administrée en traitement précoce.
Votre entreprise a ouvert la voie de l’immunothérapie. En quoi change-t-elle la donne dans le traitement des cancers ?
En effet, nous avons été les premiers, il y a un peu plus de dix ans, à proposer un premier traitement de ce type dans la prise en charge du mélanome. Les données dont on dispose confirment l’intérêt de ce type de traitement. L’immunothérapie constitue une révolution thérapeutique, face à des maladies réputées incurables comme le mélanome. Son potentiel n’a cessé de se confirmer au fil des années, avec des résultats prometteurs dans les cancers du poumon, de l’œsophage, des cancers gastriques, dans le mésothéliome… Les bénéfices sont significatifs pour une part croissante de patients. L’objectif aujourd’hui est de poursuivre le développement dans de nouvelles indications en élargissant le recours aux immunothérapies, mais également dans les stades précoces du cancer. L’expertise acquise montre en effet l’intérêt de développer une approche néo-adjuvante, c’est-à-dire en amont d’interventions classiques comme la chirurgie ou la chimiothérapie.
Sur quelles pistes travaillez-vous actuellement pour pousser plus loin la révolution de l’immunothérapie ?
Le premier enjeu, pour nous, est d’accompagner au mieux l’intégration de l’immunothérapie dans les pratiques cliniques et dans l’organisation des parcours de soins. De fait, la complexité des prises en charge s’accroît, quand les équipes médicales doivent de plus en plus souvent combiner plusieurs stratégies thérapeutiques. Il est essentiel que des entreprises comme les nôtres soient aux côtés de ces équipes pour réfléchir et développer les meilleures combinaisons possibles, en fonction de l’avancée de la maladie et du profil génétique du patient. Nous devons, par exemple, collaborer étroitement avec les équipes chirurgicales, amenées à intervenir en aval des séquences d’immunothérapie. Une autre priorité consiste à mieux comprendre quelles sont les causes de réponses - ou de non-réponses - chez les patients traités. Il y a encore une part importante de patients qui sont réfractaires à ces traitements : nous devons mieux comprendre ce qui se joue à l’échelle de la cellule tumorale et de son environnement et décrypter les mécanismes de résistance. Nos équipes de recherche sont particulièrement mobilisées sur ces défis majeurs pour la lutte contre le cancer.
Quels sont vos principaux axes de développement dans les années à venir ?
Nous présenterons à l’ASCO des résultats importants dans plusieurs types de cancers, notamment dans le cancer du poumon non à petite cellules, le mélanome, le cancer de l’œsophage, le cancer de la vessie, mais également les cancers hématologiques, où nous sommes présents via un médicament de la catégorie des CAR-T Cells indiqué dans le lymphome à grandes cellules B et pour des patients ne pouvant pas recevoir de transplantation. Ces actualités témoignent plus que jamais de notre engagement de long terme dans la lutte contre le cancer. Bristol Myers Squibb investit 25 % de son chiffre d’affaires mondial dans la R&D dont une part majeure est dédiée à l’oncologie. En France, nous avons plus de 170 programmes de recherche clinique en cours, dont la moitié sont en Phases I et II ; près de 90% de ces essais sont dédiés à l’oncologie et à l’hématologie.
Comment vous impliquez-vous aux côtés des patients et des professionnels de santé en France ?
Là encore, c’est un enjeu clé pour réussir à faire collectivement reculer le cancer. Une innovation thérapeutique ne vaut en effet que si elle est prescrite à bon escient par les médecins, que si elle apporte un bénéfice évident au patient et qu’elle améliore concrètement sa qualité de vie au quotidien. Il est donc essentiel, pour nous, de partager des informations - en toute transparence et à la place qui est la nôtre - avec les associations de patients, de soutenir leur démarche d’accompagnement des malades et de leurs proches. Nous soutenons par exemple le programme Hémavie, déployé par l’association AF3M dans le myélome multiple, qui vise à faciliter la communication entre les patients et les professionnels mais également à mieux intégrer les proches et aidants dans le parcours de soins. Derrière ce type d’actions, c’est, de façon globale, la qualité de vie du patient qu’il faut chercher à bien évaluer, car elle conditionne le plus souvent l’adhésion du patient au traitement et donc son efficacité en vie réelle.
Stéphane Corenc
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Grand Angle Spécial Innovation en Santé paru le 2 juin dans Le Monde daté du 4 juin 2022
466-FR-2200087 – NP - 24052022